Les traitements d’automne tirés par les céréales
Les conditions climatiques de l’automne 2024 ont été favorables aux insectes sur céréales, orientant les ventes d’insecticides à la hausse. C’est plus stable en colza. Le marché reste drivé par la réglementation : l’esfenvalérate ne pourra plus être utilisé après mars 2026.
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La progression du marché des insecticides à l’automne 2024 a été portée par les traitements des céréales d’hiver qui ont crû de 54 % par rapport à l’automne 2023, à 1,8 Mha déployés. Première raison : il y a eu davantage de surfaces à traiter (6,4 Mha de céréales d’hiver contre 6 Mha la campagne précédente). Et la pression des pucerons a été plus importante qu’en 2023, notamment en début de campagne. Mais on est encore loin des 3,3 Mha déployés de 2022. Le nombre de passages sur céréales reste équivalent à 2023, à 1,04 en moyenne. Un chiffre assez faible par rapport à il y a quelques années où il atteignait 1,2-1,3. En termes de coût par passage, le chiffre est aussi stable, entre 4 et 4,50 €/ha.
Lambda-cyhalothrine en tête sur céréales
Parmi les cinq molécules insecticides foliaires encore autorisées à l’automne dernier, la lambda-cyhalothrine reste la molécule leader. Elle protège 65 à 70 % des céréales. Karaté Zéon (Syngenta) se taille la plus grande part du gâteau : il est appliqué sur 30 % des hectares, un chiffre relativement stable par rapport à l’automne 2023. Le reste des traitements est réalisé avec des génériques, moins onéreux.
Les autres pyréthrinoïdes sont classés plus loin. C’est le cas de l’esfenvalérate (Mandarin Gold commercialisé par Philagro). D’autant que l’autorisation de mise sur le marché de cette molécule a été retirée par l’Anses depuis le 11 septembre 2024. Le produit ne peut plus être commercialisé depuis le 11 mars 2025, et la fin d’utilisation a été fixée au 11 mars 2026. La part de marché d’UPL a grimpé à 14 % contre 6,3 % à l’automne 2023 avec la spécialité Cythrine Max, à base de cyperméthrine. C’est la plus forte progression du marché. De son côté, Bayer Crop Science annonce une PDM en hausse, à 5 %, avec la deltaméthrine (Decis Protech et Decis Expert). Enfin, Adama grimpe également à 5 % de PDM avec Mavrick Smart. « La part de marché a progressé car le tau-fluvalinate est actuellement la seule alternative aux pyréthrinoïdes de la sous-famille des ‘thrines’ homologuée », précise Nathan Gaborieau, chef marché insecticides.
Colza : stabilité des traitements
En colza, « 70 % des hectares ont été traités à l’automne 2024 contre 65 % en 2023 », annonce Julien Vaugoux, chez Syngenta. Toutefois, les surfaces cultivées ont reculé de 2,3 % en 2024-2025, à 1,3 Mha, et les conditions climatiques n’ont pas été favorables aux insectes sur colza à l’exception de la Lorraine et du Centre-Val de Loire. Les surfaces déployées restent donc proches de l’an dernier, à un niveau relativement faible (1,5 Mha). Le nombre de passages est de 1,6 contre 1,8 historiquement. Quant au coût moyen de traitements, il reste à 9-10 €/ha, dans un marché avec beaucoup de produits génériques.
Le Karaté Zéon (lambda-cyhalothrine) commercialisé par Syngenta demeure le premier insecticide sur l’oléagineux, avec 40 % des hectares totaux à l’automne 2024 (50 % en valeur). Au total, la lambda-cyhalothrine est appliquée sur 60 % des colzas. Syngenta commercialise aussi Minecto Gold (cyantraniliprole) qui cible les grosses altises. Soutenu par Terres Inovia, le produit a bénéficié à nouveau d’une « dérogation 120 jours » du 25 septembre au 31 décembre 2024. Cette dérogation s’est limitée aux régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Île-de-France, Centre-Val de Loire et les départements de l’Allier, du Puy-de-Dôme, de l’Aisne et de l’Oise. Ces zones sont celles concernées par les phénomènes avérés de forte résistance des larves de grosses altises aux pyréthrinoïdes. Cette solution entre dans le cadre du plan d’action de sortie du phosmet. « Nous souhaitons nous inscrire dans la durée avec cette spécialité qui apporte une réelle satisfaction dans les zones concernées par la résistance aux grosses altises », indique Julien Vaugoux.
Derrière se trouve le tau-fluvalinate, avec Mavrick Smart d’Adama qui représente 7 % du marché, un chiffre en hausse « grâce notamment à un bon profil auxiliaires et à la sélectivité biologique des abeilles de la molécule », indique Nathan Gaborieau. Viennent ensuite la cyperméthrine (Cythrine Max d’UPL qui détient 4,6 % du marché), l’éthofenprox (Trebon 30 EC/Uppercut de Certis Belchim) et la deltaméthrine (Decis Protech et Decis Expert de Bayer, qui pèse 3,4 % en colza).
La pression de charançons de la tige et méligèthes est restée faible ce printemps, un peu plus importante ensuite en pucerons. Mavrick Smart (Adama) reste le produit leader sur ce créneau : 33 % du marché en méligèthes.
Biocontrôle et biostimulants
Les firmes s’intéressent également au biocontrôle, à l’instar de Syngenta. « Nous n’avons pas de projets à court terme sur céréales et sur colza mais nous avons un partenariat avec Agriodor sur le projet Insior Gr A », indique Julien Vaugoux. Ce produit de biocontrôle, basé sur la technologie olfactive répulsive, a obtenu une dérogation sur betterave sucrière du 1er avril au 30 juillet 2025 contre le puceron vert. « Si on arrive à bien maîtriser la technologie en betteraves, il sera possible d’aller sur de plus gros marchés comme celui des céréales. Encore faut-il trouver la bonne solution », explique le responsable marketing.
Par ailleurs, UPL continue de développer son offre Pronutiva à l’automne associant Cythrine Max et Vitalroot, un biostimulant à base de filtrat d’algues, de phosphore et de potasse. Appliqué sur céréales et colza (1 l/ha), il renforce le développement racinaire, optimise la photosynthèse et apporte une meilleure tolérance aux stress automnaux. « La synergie entre Vitalroot et la cyperméthrine apporte un gain de rendement de 2,9 q/ha en moyenne dans nos essais sur céréales sur huit ans, rapporte Maxime Luneau, chef marché grandes cultures chez UPL. Nous avons constaté que plus il y avait de JNO, plus l’écart est important. »
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